Bio et circuits courts : l’alimentation comme projet de territoire

Le Lundi 24 avril 2017

Marché bio
Crédits : Olivier Brosseau/Terra

L’alimentation et l’agriculture sont créatrices de paysages, de services, de richesses et d’emplois. C’est un levier parmi d’autres pour valoriser un territoire. Du côté du consommateur, la tendance est à l’alimentation durable et aux produits locaux, issus d’une agriculture respectueuse de l’environnement. Le dernier rapport du ministère de l’Environnement - Les systèmes alimentaires durables territorialisés - détaille 5 projets de territoires qui contribuent tous, à leur échelle, à favoriser la transition écologique de l’agriculture, une alimentation plus saine et la vente en circuits courts.

Des expériences locales reproductibles

Qu’il s’agisse de produire localement de la farine bio, d’aider les agriculteurs à moins utiliser de produits phytosanitaires ou encore de préserver un élevage moins intensif, les 5 initiatives présentées dans ce rapport permettent aux agriculteurs de mieux valoriser leurs productions ou de se diversifier, augmentant et sécurisant ainsi leurs revenus et rendant les exploitations agricoles plus résilientes. Les projets passent souvent par la conversion au bio, le développement d’une filière locale et l’implication des élus. La commande publique permet  d’assurer une ressource stable pour les agriculteurs grâce à la restauration collective. Les expériences présentées sont liées à l’identité locale mais, pour autant, se ressemblent et peuvent être reproductibles dans leur démarche et leurs objectifs.

 

À Rennes, le programme Eau en saveurs

La démarche : protéger la ressource en eau en remettant en adéquation production agricole et consommation alimentaire sur le territoire.

En pratique : la collectivité propose des terres à la location aux agriculteurs, en contrepartie de pratiques plus respectueuses de l’environnement. La valorisation de la production issue de ces exploitations est développée par l’intermédiaire du programme Eau en Saveurs qui se décline en trois volets : l’approvisionnement de la restauration collective (marché public), le développement d’une marque de territoire à destination des citoyens consommateurs (marché privé) et l’éducation des consommateurs à l’alimentation durable par la sensibilisation à l’acte d’achat responsable.

Dans le Gard, la filière pain bio Raspaillou

La démarche : la fabrication du pain bio Raspaillou est née de la collaboration entre des producteurs de blé tendre bio, un meunier local et des boulangers.

En pratique : en 2007, des boulangers qui ne voulaient plus être tributaires des meuniers industriels pour l’achat de leurs farines ont cherché à s’approvisionner localement auprès de petits moulins indépendants. Les opérateurs ont fait appel au moulin de Sauret, situé à Montpellier, qui privilégie les matières premières locales. Les producteurs recherchaient des débouchés locaux, car ils éprouvaient eux aussi des difficultés face à la volatilité du cours du blé et à la faible valorisation du blé tendre bio dans la région (le blé dur est beaucoup mieux valorisé, mais plus difficile à produire en bio). Leur blé était vendu pour l’alimentation animale à un prix très faible. Avec l’aide du Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (CIVAM) du Gard, les boulangers et les producteurs de blé bio ont travaillé à la structuration d’une filière de pain bio et local et ont créé la marque Raspaillou pour valoriser le produit. Le pain Raspaillou bio est aujourd’hui vendu dans une quarantaine de boulangeries de la région.

À Lyon, le grand parc Miribel Jonage et le développement de micro-filières agricoles durables

La démarche : le grand parc Miribel Jonage met en place une politique incitative afin de faire évoluer les pratiques agricoles. Il favorise l’innovation et la création de nouvelles filières.

En pratique : le grand parc Miribel Jonage est situé en zone périurbaine, à 15 km de Lyon. Avec 2200 ha, il s’agit du deuxième plus grand parc métropolitain d’Europe. Dans le domaine agricole, les actions mises en place par le syndicat mixte propriétaire du parc (Symalim) ont pour objectif d’accompagner le changement des pratiques. Il accompagne les agriculteurs pour optimiser la gestion de l’eau, expérimenter des cultures plus respectueuses de l’environnement, il met à disposition des moyens logistiques pour favoriser l’agriculture biologique et crée des occasions de rencontre avec le grand public. L’objectif est de convertir la totalité des surfaces cultivables du parc en agriculture biologique de façon participative et progressive, de développer une agriculture diversifiée de proximité et d’innover. Aujourd’hui, 20 % des surfaces du parc sont cultivées, soit 500 ha dont 50 % en agriculture biologique. Les productions sont variées : maïs, orge, soja, luzerne, blé dur, seigle, sarrasin, tournesol, cultures maraîchères, fromage, chanvre, viande bovine, du foin et 400 kg de miel par an.

Dans le Nord, valorisation de prés-vergers dans le parc naturel régional de l’Avesnois

Démarche : dans le parc naturel régional de l’Avesnois, les pommes issues des prés-vergers non traités sont transformées en jus, commercialisé localement. Il s’agit de les valoriser.

En pratique : la pomme, avec plus de 200 variétés locales, fait partie du patrimoine naturel du territoire. Elle participe à l’image historique du parc naturel régional (PNR) de l’Avesnois. Le parc naturel régional de l’Avesnois et le centre régional de ressources génétiques (CRRG) des Hauts-de-France ont travaillé en collaboration pour redonner une valeur économique à ces pommes issues des vergers hautes tiges qu’un petit nombre d’agriculteurs transformait encore de façon artisanale. Ce travail s’inscrit dans une démarche plus globale de valorisation de la pomme et du fruit sur le territoire.

En Loire-Atlantique, viande de Brière et valorisation des zones de marais

La démarche : le parc naturel régional de Brière a accompagné un projet de valorisation de la viande bovine produite sur son territoire en lien avec une charte pour la protection des zones de marais.

En pratique : la production de viande bovine est une activité dominante traditionnelle en Brière. Les animaux pâturent dans les prairies émergées des marais au printemps et sur les coteaux et plateaux bocagers le reste de l’année. Auparavant, les éleveurs n’étaient que des naisseurs et les broutards étaient vendus pour l’engraissement en Italie. Les éleveurs de bovins du parc naturel régional de Brière ont décidé de se regrouper afin de valoriser leur viande et leur mode de production avec la volonté de créer de la valeur ajoutée sur le territoire tout en préservant les milieux sensibles que sont les marais. Une filière de viande bovine a été créée sur le territoire du parc en 2007. 

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