Impacts du changement climatique : Eau et Biodiversité

Le Vendredi 30 septembre 2022

Afin de décrire l'état du Climat et ses impacts sur l'ensemble du territoire français, l’ONERC (Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique) s’est doté d’indicateurs. Un indicateur est une information, associée à un phénomène, permettant d’en indiquer l’évolution dans le temps, de façon objective, et pouvant rendre compte des raisons de cette évolution. Dans cette fiche, les indicateurs s'intéressent à l'eau et la biodiversité.

Front d’expansion de la chenille processionnaire du pin

Évolution du front d’expansion de la chenille processionnaire du Pin dans le Bassin Parisien entre 2010 et l'hiver 2018-2019


Crédits : INRA

La carte de la région parisienne montre que le front de colonisation Nord fusionne avec les foyers introduits accidentellement en Ile-de-France et que Paris intra-muros est désormais atteint, probablement du fait de l’extension des foyers de Nanterre et de Bagneux/Arcueil.

4km/an la chenille processionnaire du pin a progressé de 4 km/an vers le nord durant les 10 dernières années

Progression du front d’expansion de la chenille processionnaire en France entre la période 1969-1979 et l'hiver 2015-2016


Crédits : Institut National de la Recherche Agronomique

La carte globale, réactualisée tous les 5 ans, montre l’expansion latitudinale de la processionnaire du pin en France entre les hivers de la période 1969-1979 et l’hiver 2015-2016. D’origine méditerranéenne, cet insecte présente, contrairement à la plupart de ses congénères, un développement larvaire hivernal. Il se trouve, pendant ce stade, favorisé par une augmentation même minime de la température hivernale qui régule ses chances de survie. En l’occurrence, les contraintes thermiques de l’insecte sont d’une part une température létale inférieure à -16 °C et, d’autre part, des capacités de nutrition nocturne liées à l’exigence d’une température du nid d’au minimum 9 °C durant le jour suivie d’une température de l’air supérieure à 0 °C la nuit suivante. Alors que ces contraintes forçaient par exemple en Région Centre l’insecte à stationner au sud de la Loire dans les années 1970, le réchauffement climatique les a progressivement levées permettant une expansion continue vers le Nord. Les populations situées à l’Est et à l’Ouest du Massif Central, séparées à l’origine, se sont également rejointes au nord de ce massif. Une progression similaire est visible en altitude (Alpes, Pyrénées, Massif central). La progression la plus importante du front Nord a eu lieu dans la région Champagne-Ardennes.

Indice de sécheresse annuelle en métropole

Surface de la France affectée annuellement par la sécheresse sur la période 1959-2018

Surface de la France affectée annuellement par la sécheresse sur la période 1959-2018
Crédits : Météo-France

L’analyse du pourcentage annuel de la surface touchée par la sécheresse des sols depuis 1959 permet d’identifier les années ayant connu les événements les plus sévères comme 1976, 1989, 2003 et 2011.

L’évolution de la moyenne décennale montre l’augmentation de la surface des sécheresses passant de valeurs de l’ordre de 5 % dans les années 1960 à plus de 10 % de nos jours. 

Cet indice permet d’appréhender le niveau atteint par une sécheresse à l’échelle de la France métropolitaine. Son évolution sur la période 1959-2016 permet d’identifier les années où la sécheresse affectait une part conséquente du territoire, par exemple 1976, ou encore les années 1989 et 1990, 2003 et enfin 2011. On notera également que la sécheresse 1976 a été l’événement le plus fort sur notre territoire depuis au moins 1959 pour les déficits d’humidité des sols suivi par les années 1989, 2011 et 2003. En regard, la moyenne sur 11 ans tracée permet de matérialiser l’accentuation de l’extension spatiale des sécheresses des sols depuis les années 1990. Depuis le début du XXIe siècle, 11 années sur 16 ont dépassé la moyenne des surfaces touchées sur la période 1961-1990. Ce constat est à mettre en rapport avec la tendance climatique observée de l’assèchement des sols en France sur quasiment tout le territoire et en toute saison.

Evolution de la date de migration de certains oiseaux

Date de retour des migrateurs transsahariens observés à la Pointe de Grave

Date de retour des migrateurs transsahariens observés à la Pointe de Grave
Crédits : ONB

En moyenne les migrateurs transsahariens observés à la Pointe de Grave pour leur migration prénuptiale reviennent 6 jours plus tôt entre les premières observations vers 1989 et 2017. Les 16 espèces ne répondent pas de la même manière au réchauffement climatique, ainsi le décalage temporel atteint presque 17 jours pour le Balbuzard pêcheur tandis qu'il est de moins de 1 jour en moyenne pour le Martinet noir. Cependant toutes les espèces de migrateurs transsahariens observés présentent une date retour plus précoce.

Températures moyennes des eaux du Léman

Évolution de la température en moyenne annuelle des eaux du Léman (en profondeur)


Crédits : Commission internationale pour la protection des eaux du Léman

Pour estimer l’évolution de la température dans les zones profondes, il faut retenir les années où on observe un brassage complet des eaux du lac.
La température des eaux de fond (309 m), en moyenne annuelle, est passée par un minimum de 4,4 °C en 1963 (après l’hiver 1962-1963) pour atteindre 5,8 °C en 2018. L’augmentation, qui n'est pas régulière, peut être estimée à 0,6 °C en 50 ans. La température des zones profondes (309 m) ne fait qu'augmenter depuis 2012 avec un minimum relatif de 5,1 °C, pour atteindre presque 6 °C en 2020 (5,93).

Évolution de la température en moyenne annuelle des eaux du Léman de la couche allant jsuqu'à 10 mètres de profondeur


Crédits : Commission internationale pour la protection des eaux du Léman

Les températures de l’eau mesurées dans les 10 premiers mètres, de 1974 à 2020, présentent une nette tendance à l’augmentation : + 1,9°C à la station SHL2 (Grand lac) et + 2,5°C au point GE3 (Petit lac). Il n’apparait pas en revanche de tendance particulière au fond du lac à SHL2 sur la même période, alors qu’à GE3, où le lac est moins profond, l’augmentation moyenne s’élève à + 0,9°C. La température moyenne annuelle à SHL2 au fond a augmenté continuellement (+ 0.8 °C) depuis le dernier brassage complet en 2012.

Depuis les années 2000, le lac se stratifie souvent plus tôt, dès le mois de mars pour le Grand lac et avril pour le Petit lac, ce qui peut modifier la dynamique du développement du phytoplancton.

L’algue filamenteuse Mougeotia, généralement observée en période automnale dans le Léman, peut dorénavant présenter des biomasses considérables en été

Revenir en haut de la page